De l’ambivalence d’une reprise en présentiel.

Comme beaucoup de personnes, j’ai vécu le COVID avec un passage rapide et forcé en télétravail, ainsi qu’une période de chômage partiel.

J’ai la chance de faire partie d’une entreprise au sein de laquelle, cependant, ce passage en télétravail s’est fait sans trop d’impact sur la productivité des équipes, nous avons même constaté, après un temps, une augmentation de la productivité.

Cela nous a permis, depuis le début du déconfinement, de continuer à distance beaucoup de nos prestations.

Depuis quelques semaines, cependant, j’ai personnellement repris des interventions en présentiel.

Jusqu’à mars dernier, j’aurais pensé que rester loin des gens me poserait de gros problèmes et qu’en cas d’un passage d’un état de prestations distancielles à des prestations présentielles, j’aurais été plutôt impatient de rencontrer à nouveau des êtres humains.

Puis le COVID est arrivé. Nous l’avons tous vécu et je ne vais pas revenir sur les bouleversements que la situation 2020 a pu avoir sur nos comportements.

Mais bon, j’ai du faire face à plusieurs ambivalences au niveau de cette reprise sur site. Et j’ai essayé de voir quels sont les différents niveaux qui sont touchés par des états ambigus. J’avoue qu’il m’a fallu du temps pour analyser toutes mes observations et j’ai rarement mis autant de temps à rédiger un article.

Les gens

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« Chouette, je vais recroiser du monde » et « Mais, en fait les autres c’est dangereux!! ». Voilà l’ambivalence sur la question des gens. Bien sur, on s’est vu par Visio aussi souvent que nécessaire. Pour certains, nous avons même échangé par téléphone assez régulièrement. Mais pour une personne comme moi, rien de tel que la proximité pas vrai?

Mouais, pas si simple. J’avoue qu’après avoir passé plusieurs semaines enfermé, avec pour seuls contacts ma compagne et mon fils, j’ai eu du mal à me faire à l’idée que tout allait bien se passer avec d’autres personnes. D’autant que vu ce qu’on entend, lit… chacun a sa propre manière de vivre ce retour à la vie sociale. Dois-je porter un masque tout le temps? Vais-je savoir garder les distances? Les autres vont-ils le faire? Si non, est-ce que ça vaut le coup de prendre le risque?

Bon, j’ai pas eu trop le choix, nous étions tombés d’accord avec mon client que reprendre sur site était primordial pour l’accompagnement des équipes, ne serait-ce que pour être visible (donner l’exemple, montrer qu’on est dispo…).

Donc j’ai repris… mais les premières heures ont été intenses (formation aux gestes de distanciations, re-appropriation de l’environnement, croiser des collègues qui ne respectent pas du tout ce que tu viens de voir en formation…) et la situation depuis reste compliquée notamment notamment sur les aspects de distanciation sociale. Au final, l’ambivalence au niveau social reste omniprésente. Je ne suis pas sur que ça passera rapidement, peut-être devrais-je apprendre à vivre avec ces sentiments opposés.

Puis j’ai échangé avec les collègues, et là je me suis rendu compte que pour certains d’entre eux, la période de confinement avait été l’occasion de communiquer vraiment plus en équipe. En effet, la distance a fait qu’ils ont passé tout leur temps en visio et que donc au niveau de l’équipe ils ont été plus proches durant le confinement qu’avant. Malgrés tout, ce rapprochement de certaines équipes, s’oppose à la distance prise par d’autres, ou au fait que l’équipe a pu se renfermer sur elle même, les éléments extérieurs étant, par définition, non présents dans les conférences d’équipes. Le retour sur site a eu comme effet, pour ces équipes ultra communicantes, de leur demander de se ré-ouvrir vers le monde extérieur à leur produit….

Question de productivité 

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Depuis mon retour, j’ai repris les gemba agiles (pas au format lean), je développerais mon point de vue dans un prochain post. J’ai également eu la chance, tout au long de la période, de pouvoir continuer à dialoguer avec des collègues et amis en télétravail ou sur site.

Une chose apparaît clairement: La productivité n’est pas la même dans l’une ou l’autre des situations et elle est vécu différemment en fonction des personnes et des situations.

Par exemple, j’ai souvent entendu des chevronnés ou des experts dire: « J’ai été super actif durant le confinement, car j’ai jamais eu autant de temps focalisé sur un même sujet! ».

Ben oui, un expert dans nos configurations pré-COVID de bureau, était généralement au sein d’un openspace ou en tout cas rendu facilement accessible pour les équipes. Et donc, ces experts passaient une bonne partie de leur temps à répondre aux sollicitations des autres membres de l’organisation. A distance, ils ont acquis la capacité de ne pas répondre en instantané… avec les avantages sur leur productivité personnelle qu’on imagine.

Cependant, j’ai aussi entendu: « Ouais, mais j’ai aussi été tellement loin de certains projets que je ne sais pas du tout ce qu’ils ont fait niveau bonne conduite et qualité ».

Là ça en devient presque problématique…

Niveau junior par contre, j’ai entendu l’inverse: « J’ai perdu du temps car il m’a fallu attendre que l’expert réponde ». Ou « Il a fallu que je cherche par moi même et j’ai fait fausse piste ».

Alors oui, pour certains la productivité a été diminuée durant la période de télétravail. Cependant, en grattant un peu, certains sont allés plus loin en disant qu’au final ils avaient appris des choses, qu’ils avaient mis en place des solutions ingénieuses et inventives que même les experts auraient ignoré…

C’est pas forcément la majorité, mais j’ai eu quelques bons retours. 

De fait, revenir sur site n’était pas forcément important pour les juniors d’un point de vue équipe, car cette dernière a continué à exister durant le confinement, mais l’était d’un point de vue accompagnement extérieur instantané.

Revenir comme avant?

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Les conditions de travail ont changé. Les gens ont changé. Certains sont revenus sur site, d’autres non. Comment reprendre comme avant? Mais aussi, comment ne pas reprendre comme avant? Devons nous réinventer la manière de travailler? Pouvons nous retrouver des habitudes? Bref, ça fait beaucoup de questions.

J’avoue que je suis encore, sur ce point, en période d’ajustement.

D’une part, on ne peut pas reprendre tout à fait comme avant car tout le monde n’est pas là et la vie n’est plus forcément la même. D’autre part, il y a clairement une demande de reprendre les choses là où nous les avons laissées, de reprendre une espèce d’habitude pour prouver que nous avons laissé le confinement derrière nous…

De plus, je ressens le besoin et la nécessité d’utiliser les mois qui viennent de passer pour m’améliorer dans mes pratiques et accompagner les équipes dans l’amélioration… Mais il faudra, j’en suis persuadé, user de tact car tout le monde ne voudra pas forcément changer « à cause ou grâce au COVID ».

Conclusion

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Qu’on se le dise (ou redise), je ne suis ni psychiatre, ni psychologue. Je n’ai aucune formation relative à la psyché humaine et ce que vous venez de lire n’est là que pour faire un retour de mon expérience personnelle. Ceci dit, je ne pense pas être unique dans ma façon de penser ou de vivre les choses et je me dis que ce qui se passe dans ma tête, a pu, peut ou pourrait se passer dans la tête des gens que j’accompagne (ou que je vais accompagner) et il me semble intéressant de pouvoir utiliser cette expérience pour mieux les aider.

Je ne sais pas encore comment les équipes et organisations vont pouvoir utiliser ces observations (surtout celles sur la productivité), mais j’ai déjà hâte de les accompagner pour les aider à le découvrir.

Si vous avez des remarques complémentaires ou des interrogations sur ces quelques lignes, n’hésitez pas à laisser un commentaire. Je suis toujours preneur d’un échange constructif.

2 commentaires

  1. […] Vous l’avez peut-être vu passer il y a quelques mois, nous avons travaillé avec l’équipe Coach de chez Vallourec à un outil de dynamisation du Gemba nommé Gemb’activ. Je continue à l’utiliser régulièrement mais avec les conditions sanitaires actuelles et surtout les conditions de télétravail, je remarque que beaucoup de personnes sont simplement contentes de pouvoir discuter en direct. (Voir De l’ambivalence d’une reprise en présentiel.). […]

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