
Ceux qui me connaissent ou me suivent sur les réseaux savent que je suis régulièrement sur des événements agiles (autrement appelés les agiles trucs) un peu partout en France (Agile Grenoble, Agile Games France, Agi’Lille…)
Lors d’Agile Grenoble 2024, j’ai eu le plaisir de me retrouver à table aux côtés de Joanne Gouallier et de David Laizé. L’atmosphère cosy du restaurant de clôture pour les speakers, la fatigue des journées passées, le respect et la bienveillance de toutes les personnes autour de nous a créé un cocktail suffisant et nécessaire à des échanges personnels et sincères.
Lors de ces échanges, nous avons soudain eu une sorte de révélation : nous étions là, au bon endroit, au bon moment, pleinement nous-mêmes…
Cela peut paraître anodin pour certains d’entre vous mais pour moi, à ce moment-là, il s’est passé comme une épiphanie…
Pour vous permettre de comprendre, je vais devoir me livrer un peu, personnellement, et j’avoue que je n’en ai pas forcément l’habitude.

Peu de personne dans mon cercle proche (famille, amis), voir aucune, comprennent réellement ce que je fais au jour le jour… soit ils n’ont pas, ou n’ont pas eu, de carrière en informatique / gestion de projets, soit leurs activités professionnelles sont loin de la bienveillance et de l’aspect humain que nous essayons de travailler avec nos équipes et clients…
Donc, il m’arrive rarement d’exposer ce sur quoi je travaille en famille, par pudeur, par peur de leur montrer un trop gros décalage par rapport à leur réalité, ou simplement par manque d’énergie pour expliquer tous ces principes qui nous animent à des personnes qui ne les vivront peut-être jamais.
Qu’on se le dise, je ne suis pas malheureux dans ma famille, souvent en retrait sans doute, mais je me sens toujours à ma place. C’est comme ça qu’on sait qu’on fait partie d’un tout.
Mais du fait, quand je suis dans un environnement agile, avec des personnes qui parlent et comprennent mon langage professionnel, je suis différent du Nico en privé.
Lors d’une discussion récente avec une autre agiliste, j’ai exposé le fait que je me sens « timide » et je proposais une explication à mon exubérance « agile » par le fait que je me soigne de ma timidité… mais ce repas de clôture d’Agile Grenoble m’a amené à revoir ma position…
En effet, lorsque l’agiliste en question m’a demandé si elle avait déjà vu le « Vrai Nico », j’ai eu envie de dire pas sûr… Je pense que je me suis trompé.
Revenons au resto avec David et Joanne. C’était ma première rencontre avec cette dernière (enfin, l’agile Grenoble 2024 était la première fois que je la rencontrais mais le resto faisait suite à plusieurs échanges durant la semaine).
Joanne, sous couvert d’échanger sur sa conférence, la nôtre (celle que j’ai présenté avec David), et nos expériences individuelles, a commencé à gratter un peu la couche superficielle (parfois exubérante) du Nico agile… Et nous avons échangé, pendant plusieurs minutes, sur des sujets perso, des ressentis, des sensations… pour enfin se poser la question : qui est le plus vrai? Le Nico en famille ou le Nico Agile?
La réponse à cette question n’est pas facile, elle n’est pas binaire. Les deux Nico sont des vrais Nico… l’un est sans doute plus libéré, peut-être plus à sa place d’un point de vue philosophique, l’autre est à sa place d’un point de vue identité familiale / amicale.
Lorsque je suis en événement agile, je suis libéré, ouvert, tourné vers les autres et le fun. J’ai la sensation que ce que je pense, ce que je fais et les personnes avec qui j’échange, tout à du sens. Je n’ai souvent pas besoin de justifier de sortir une boite de jeu de société pour briser la glace. J’ai la chance aussi, avec l’expérience et mon réseau grandissant, de ne pas toujours avoir à me rendre légitime auprès des personnes avec qui je discute.
Les personnes qui sont là sont les bonnes personnes… et je fais partie de ces personnes… Dans un événement agile je suis l’une de ces bonnes personnes.
Ce qui arrive dans un événement agile est la meilleure chose qui puisse arriver… Un second principe des forums ouverts agiles, est également vrai quand je suis Nico Agile… Je ne regrette jamais ce qui se passe lors d’un événement agile. Que je sois en mode conférence à essayer de récupérer un maximum d’informations, de REX, d’outil de la part de conférenciers ou en mode discussion, à passer plus de temps dans la zone commune que dans les amphi… ce que je fais, avec les personnes qui sont présentes à ce moment là, est la meilleure chose qui pouvait m’arriver lors de cet événement particulier.
Le Nico Agile se sent à sa place, joyeux, rêveur, philosophe. Il est investi d’une mission : que ce qui arrive aux bonnes personnes avec lesquelles il est en interaction soit la meilleure chose qui puisse leur arriver à elles aussi.
Il est sans doute aussi plus à même de s’ouvrir sur des choses perso / profondes, lors de ces événements car les personnes auprès desquelles il « s’ouvre » sont « de passage ». Qu’on ne se méprenne pas, j’ai de très bons copains au sein des agilistes et que je rencontre dès que je peux, mais ce ne sont pas des personnes que je côtoie au jour le jour… donc le perso qu’ils découvrent risque d’avoir moins d’incidence sur notre relation que si je m’ouvrais auprès d’une personne que je vois tous les jours… les enjeux ne sont pas les mêmes.
J’ai bien des amis très proches, à qui je peux absolument tout dire… j’ai aussi des collègues avec lesquels je m’entends bien et qui font partis de ma sphère privée, mais il m’a généralement fallu du temps avant d’être suffisamment en confiance pour aborder des sujets perso avec ces personnes, là où il m’aura fallu quelques minutes avant de me sentir en confiance avec Joanne par exemple, pour parler de certains sujets qui me paraissent habituellement très sensibles et inaccessibles à tout à chacun… Mais encore une fois, les enjeux ne sont pas les mêmes au niveau perso, et j’ajouterais que de par nos « métiers » nous partageons sans doute naturellement un background qui intrinsèquement nous met en confiance.
Je suis persuadé que de grands penseurs, psychiatre, psychologues… se sont déjà penchés sur cet état mental, dans ce genre de circonstance… dans ces moments là, je me sens vrai…

Mais cette vérité est éloignée du Nico de tous les jours. Dans son attitude, dans son épanouissement, dans son énergie… Est ce que pour autant l’un ou l’autre des Nico est moins vrai que les autres? Pas sûr… j’aurais envie de dire que le Nico qui est devant vous est souvent le bon Nico pour le moment que nous vivons ensemble à ce moment-là.
J’ai oublié de parler d’un troisième Nico : le Nico Ludens… celui que l’on retrouve lorsqu’une boîte de jeu de société est au milieu de la table, que les personnes sont absorbées par le jeu… mais nous en parlerons peut-être une autre fois…
A la relecture de ces quelques chapitres, j’ai eu envie d’aller un peu plus loin dans la réflexion et la recherche. J’ai donc demandé de l’aide à une amie. Claire Arnaud m’a gentiment aidé et vous propose quelques pistes pour explorer un peu plus les phénomènes que j’ai décrits.

« Commençons par analyser les concepts clés qui expliquent le phénomène général à l’origine des facettes du « Nico Agile » et du « Nico familial ». »
- Les rôles sociaux :
La psychologie sociale explore comment les individus adoptent différents rôles selon leur environnement (famille, travail, événements sociaux). Chaque rôle est lié à des attentes et comportements spécifiques, qui influencent la manière dont une personne se perçoit et interagit avec les autres. - La théorie de l’identité sociale (Tajfel & Turner) :
L’identité sociale se construit à travers l’appartenance à des groupes. Nico se sent authentique lorsqu’il est avec d’autres agilistes, car il partage avec eux un ensemble de valeurs, croyances et pratiques qui reflètent une facette essentielle de son identité. Dans ce cadre, il peut s’exprimer librement et véritablement, en phase avec les normes et le langage communs du groupe. Par contraste, les normes dans sa sphère sociale personnelle ou professionnelle activent d’autres facettes de sa personnalité. - La théorie de l’auto-définition et de la congruence (Carl Rogers) :
Selon Carl Rogers, pour qu’un individu se sente authentique, il doit exprimer son « soi véritable » dans un environnement qui accepte cette expression. Nico ajuste naturellement son comportement selon le contexte : que ce soit dans un cadre personnel, professionnel ou lors d’événements liés à l’agilité. La congruence de l’environnement avec ses valeurs joue un rôle clé dans la manière dont il se perçoit et agit. Cette distinction met en lumière les différentes facettes de son identité : « Nico familial », « Nico Agile » et « Nico Ludens ». - La personnalité et les traits individuels :
Comme tout phénomène en psychologie, l’impact des concepts évoqués peut varier selon la personnalité de chaque individu. Les traits personnels, comme l’extraversion, la stabilité émotionnelle ou l’ouverture à de nouvelles expériences, influencent la manière dont une personne perçoit et agit dans différents environnements sociaux. De même, l’importance accordée aux rôles sociaux ou à l’appartenance à un groupe dépend fortement de ces caractéristiques individuelles et des expériences de vie uniques de chacun.
Après avoir exploré les différents aspects de l’identité et des rôles de Nico, penchons-nous sur un phénomène intriguant : pourquoi Nico Agile partage-t-il plus facilement des informations personnelles dans un cadre professionnel ?
Plusieurs mécanismes psychologiques peuvent expliquer ce phénomène :
- L’anonymat relatif et la dissociation sociale (Darley & Latané, 1968) :
Les inconnus sont perçus comme moins susceptibles de juger ou d’avoir un impact sur sa vie future. Cela crée un espace plus sécurisé pour partager des pensées ou des émotions intimes. - Les attentes sociales et les normes de régulation émotionnelle (James Gross, 2002) :
Dans un contexte comme les congrès ou les événements professionnels, les relations temporaires favorisent une expression plus libre. Les individus se sentent moins contraints par les normes sociales qui, dans un cadre quotidien, limiteraient la spontanéité et l’ouverture. - La dynamique de réciprocité (Sidney Jourard, 1971) :
Lors d’interactions éphémères, une ouverture initiale encourage la réciprocité. Cet échange crée un climat de confiance momentanée et favorise l’auto-révélation. - La proximité sociale (Robert Putnam, 2000) :
Partager des informations personnelles avec des inconnus ou de simples connaissances peut être plus facile, car ces relations sont perçues comme moins engageantes à long terme. En revanche, avec des collègues ou des proches, l’attachement émotionnel et la connaissance mutuelle peuvent freiner l’ouverture, par peur de déséquilibrer la relation ou de compromettre des enjeux professionnels.
En conclusion, il n’existe pas un seul « vrai » Nico, mais plusieurs facettes complémentaires qui s’expriment selon les contextes. Le Nico Agile se sent à sa place grâce à l’alignement entre ses valeurs, son environnement et les personnes qui l’entourent. Cependant, cela n’enlève rien à l’authenticité du Nico familial ou du Nico Ludens. Chaque rôle reflète une part de lui-même, adaptée au moment et aux interactions vécues.
Merci Claire pour ces pistes et la rédaction (assistée par ChatGPT).